La profession
Qu’est-ce qu’un orthopédiste?
L’orthopédiste est le médecin spécialiste du système musculo-squelettique offrant à la fois des soins médicaux et chirurgicaux pour traiter les maladies des os, des articulations, des ligaments, des muscles, des tendons et des nerfs.
L’orthopédiste a poursuivi sa formation médicale de base par cinq années d’études spécialisées destinées à faire en sorte qu’il maîtrise le traitement des fractures, des luxations, des lésions ligamentaires (entorses), des hernies discales, des tumeurs osseuses et autres.
Il s’occupe aussi des malformations congénitales (pied bot, luxation congénitale de la hanche), les anomalies de croissance (scoliose, cyphose, lordose), les séquelles de maladies infectieuses ou inflammatoires (poliomyélite, arthrite rhumatoïde).
L’orthopédiste est appelé à effectuer plusieurs interventions chirurgicales différentes, soit pour réparer les fractures (accidents de la route, blessures sportives, etc.), soit pour remplacer des articulations arthritiques douloureuses par des articulations artificielles, soit pour corriger des malformations, qu’elles soient de naissance ou acquises à la suite d’une paralysie cérébrale ou d’un traumatisme.
Pratique de l’orthopédie au Québec
Ce guide régit non seulement la responsabilité du milieu pour une meilleure pratique orthopédique, mais aussi la responsabilité conjointe de l’orthopédiste et du patient dans le même objectif.
INTRODUCTION
L’orthopédiste est un médecin qui a suivi une formation spécialisée de 5 ans et plus.
Il est habilité à traiter médicalement et/ou chirurgicalement les pathologies de l’appareil musculo-squelettique.
Dans la pratique orthopédique, la santé du patient reste au cœur des préoccupations.
- Éthique et compétence : selon le code de déontologie du Collège des médecins du Québec;
- Développement professionnel continu : obligation de ressourcement, peu importe la plateforme utilisée;
- Intégrité professionnelle : pratique non biaisée, information au patient des options thérapeutiques et leurs valeurs conformément au code de déontologie susmentionné et les règles d’implantation de nouvelles technologies;
- Participation aux comités et groupes consultatifs : domaines médical, préventif, administration de la santé dans le but de participer à l’avancement et la promotion des politiques de santé au Québec;
- Assurer la garde, l’utilisation des cliniques externes (au moins 1 fois/semaine) et tout plateau technique nécessaire pour accomplir la mission professionnelle;
- Obligation de l’orthopédiste de maintenir sa compétence en opérant au moins une fois par semaine;
- Amorcer la standardisation des pratiques et l’application des évidences cliniques;
- Planification d’une pratique inclusive permettant l’intégration des nouveaux finissants.
- Communication et information adéquates au patient; temps requis et consentement éclairé;
- Assurer l’accès à des soins de santé de qualité au patient et dans les meilleurs délais;
- Impliquer les patients dans le processus thérapeutique (diagnostic, investigation et traitement);
- Éviter l’usage inapproprié des données cliniques concernant le patient afin d’éviter de compromettre la confidentialité;
- Capacité d’accepter, de refuser ou d’interrompre une relation professionnelle sauf en cas d’urgence, tout en respectant le code de déontologie du Collège des médecins du Québec à ce sujet;
- Assurer la confidentialité des dossiers médicaux selon le code de déontologie;
- Suivi médical: s’assurer qu’un suivi médical adéquat est fourni au patient jusqu’à son congé en orthopédie.
- Collaboration : constructive et ouverte pour le bien-être des patients;
- Leadership : rôle actif dans les comités consultatifs et dans les prises de décisions et orientations administratives;
- Expert médical : être la ressource pour clarifier, expliquer la ‘’santé musculo-squelettique’’ sur le terrain.
Clinique externes
- 1 à 2 jours par semaine
- Lieux physiques appropriés :
- Bureaux indépendants (2 à 3)
- Ordinateur par bureau
- Endroit discret pour préparation et examen du patient
- Échographie sur place
- Mini c-arm sur place
- Personnel nécessaire adéquat en nombre :
- Commis
- Secrétaire
- Infirmière
- Infirmière ou technicien de plâtre
- Physiothérapeutes, ergothérapeutes
- Nombre de patients par clinique : Selon le type de clientèle
Salles d’opération
- 1,5 à 2 jours de chirurgie élective par semaine
- Salle d’opération dédiée à l’urgence en surplus dans les centres tertiaires de trauma de haut débit.
- Personnel :
- Nécessité de personnel entraîné pour l’orthopédie (interne et externe), ainsi que infirmier/ière premier assistant chirurgical (IPAC) ou infirmière surplus pour assistance opératoire.
- Instrumentation :
- Nécessité d’avoir TOUTE l’instrumentation nécessaire pour le traitement du patient dans le cadre de la compétence de l’orthopédiste sur place;
- Nécessité d’instrumentation adéquate et mise à jour pour assurer la qualité et la sécurité de l’acte chirurgicale;
- Nombre suffisant d’instruments en rapport avec le nombre de salles d’opération en fonction;
- Amplification de brillance et techniciens de radiologie en rapport avec le nombre et fréquence de salles d’opération chevauchées, nécessitant la scopie;
- Équipement standard de protection universelle, incluant ‘’scaphandre’’ pour les maladies transmissibles.
- Lits d’hospitalisation :
- Nombre de lits nécessaires en rapport avec le nombre d’orthopédistes, priorités opératoires et volume d’activités.
Gardes
- Afin d’assurer des soins de qualité sécuritaires aux bénéficiaires, la fréquence de garde en disponibilité ne doit pas excéder 1 journée sur 4 (¼) en général, et devrait être modulée à la baisse dans les centres dédiés de trauma et les regroupements de garde.
- La participation à la garde en rapport avec les privilèges, le statut hospitalier et le volume d’activités des membres âgés de plus de 60 ans serait modulée par milieu et selon la disponibilité de nouvelles recrues en attente.
Aide technique en urgence
L’aide technique doit être disponible sur appel pour assister l’orthopédiste dans le traitement des cas d’urgence en clinique externe ou à la salle d’opération (infirmière/technicienne de plâtre et/ou assistance opératoire), physiothérapeute.
Infirmière pivot orthopédie
Coordination de la pratique :
- Préadmission
- Étage
- Post-opératoire
Radiologie numérique
Il est de la responsabilité du centre hospitalier d’assurer à l’orthopédiste œuvrant dans son centre un accès complet et intégral à toute information utile au diagnostic, partout où elle est requise (clinique externe, urgence, étage, S.O., cabinet et à domicile pour la garde).
Les services doivent être offerts en conformité avec les lignes directrices de pratique clinique garantissant que le délai d’attente n’entraîne pas d’effet nocif sur l’état de santé du patient (progression de la maladie, complications ou chronicité).
Ceci est de la responsabilité conjointe des médecins et des administrations, ainsi que de la politique socioéconomique gouvernementale.
Urgences
Il est clair que l’orthopédiste est la seule personne qui est apte à déterminer l’urgence d’une procédure chez un patient spécifique lors d’une période donnée.
Le jugement clinique de l’orthopédiste prime sur toute classification énumérée. La classification ci-dessous est à titre d’exemple sans pour autant être exclusive ni strictement inclusive. Par ailleurs, toute chirurgie effectuée dans un environnement adéquat (équipe expérimentée, non fatiguée et alerte, ressources et équipements appropriés) influence positivement la qualité et la sécurité de l’acte chirurgical, ses résultats et son pronostic.
Dans un but de simplification d’application, la classification suivante s’applique :
Classification des urgences :
Classe A : Chirurgie en dedans de 6h de l’annonce chirurgicale (1h à 5h selon le jugement de l’orthopédiste et son évaluation de la gravité du cas);
Classe B-1 : Chirurgie en dedans de 12h de l’annonce chirurgicale (selon le jugement clinique de l’orthopédiste, son évaluation de la gravité du cas et la présence de conditions optimales pour la chirurgie);
Classe B-2: Chirurgie en dedans de 24h de l’annonce chirurgicale (selon le jugement clinique de l’orthopédiste, son évaluation de la gravité du cas et la présence de conditions optimales pour la chirurgie) – Lorsque dépasse 24h, devrait être priorisée le lendemain;
Classe C : Chirurgie en dedans de 5 jours de l’annonce chirurgicale (selon le jugement clinique de l’orthopédiste, son évaluation de la gravité du cas et la présence de conditions optimales pour la chirurgie);
Il est de la seule discrétion et responsabilité de l’orthopédiste en charge de statuer sur le niveau d’urgence.
À titre d’exemple, sans pour autant que ce soit exclusif ou strictement inclusif, voici les pathologies qui se qualifient dans les classes d’urgence :
Classe A (à titre indicatif) :
- Luxation
- Fracture luxation
- Syndrome de compartiment
- Fracture avec détérioration neurologique
- Fracture avec atteinte vasculaire
- Infections sévères (fasciite, choc septique, certaines arthrites septiques)
- Syndrome queue de cheval, atteinte neurologique évolutive, etc.
Classe B-1 (à titre indicatif):
- Fracture ouverte
- Fracture sous capitale de la hanche (prioriser selon l’âge, le type de chirurgie planifiée et ses conditions optimales)
Classe B-2 (à titre indicatif):
- Majorité des fractures chirurgicales
- Fracture hanche (non B-1)
Classe C (à titre indicatif) :
- Rupture tendineuse
- Fracture simple main et pied
- Genou bloqué
Il est fortement recommandé d’éviter les chirurgies après minuit à moins d’urgence classe A vitale pour le patient ou pour sa survie fonctionnelle.
Délai de transfert vers hôpital spécialisé :
Classe A Immédiat
Classe B ≤ 24h
Classe C ≤ 72h
Chirurgie prioritaire : (à titre indicatif) ≤ 6 semaines
- Perte d’autonomie par atteinte bilatérale
- Descellement d’implant avec risque de bris
- Luxation récidivante de prothèse
- Descellement infectieux chronique
- Rupture coiffe aigüe chez le jeune
Chirurgie élective : ≤ 3 mois
Toute autre pathologie chirurgicale dont le délai de plus de 6 semaines peut compromettre les fonctions musculo-squelettiques du patient selon le jugement clinique de l’orthopédiste.
Consultation orthopédie
Créer dans chaque milieu un algorithme de classification et priorisation médicale des consultations en harmonie avec les priorisations et normes des Centres de répartition des services (CRDS) dans le but d’assurer à la population un accès privilégié aux soins orthopédiques dans des délais médicalement acceptés.
CONCLUSION
Ces normes incluent des guides pour une meilleure qualité de la pratique orthopédique basée sur la responsabilisation et l’imputabilité des différents intervenants.
Ces guides sont inutiles s’ils desservent un seul côté de la médaille.